Les grandes choses tiennent
apparemment beaucoup de place.
Ce sont toutes les petites choses
qui tiennent le monde.
C'est un maillage fin
dans lequel l'humain n'est pas tout
même s'il fait beaucoup de tapage.
Par sa peur d'insuffisance
Par sa peur de ne pas être tout
Par sa peur éternelle de ne pas être Dieu.
Se décentrer de son anthropocentrisme,
l'assumer par la conscience de celui-ci,
fait se recentrer, s'intérioriser suffisamment,
pour sortir de l'inconscience
que la réalité unique
est seulement la plus visible,
la plus extérieure,
celle qui a la plus grande bouche,
l'unique et froide matérialité résolue.
Le pouvoir vient du dedans.
Ne vous laissez pas éteindre.
Ne donnez pas cette puissance
à quiconque sur vous.
Vous tenez le monde par tout ce que
vous tissez au quotidien
comme réseau d'amour,
comme petit rôle,
comme petit acte matérialisé,
dans lequel vous mettez de la foi,
du sens, du cœur et de la puissance.
Par vos incantations murmurées
quotidiennement pour les vôtres,
qui n'occupent pas spécialement
"l'espace public"
(demandez-vous qui détient
"l'espace public", l'espace d'"expression").
Cet "espace" n'existe d'ailleurs
que si on le fait exister.
Parce qu'il n'y a pas un espace,
mais des espaces. Multiples.
Vous "détenez le monde" en réalité.
Le(s) monde(s) n'est fait que de ça en réalité.
Prenez les choses par le bon bout
à partir de vous, de ce que vous touchez,
pour mettre, donner, investir votre énergie.
Demandez-vous si vos idéaux,
vos goûts, vos couleurs,
vous appartiennent,
et comment avec qui vous les tissez.
Ce sont vos yeux qui voient,
pas ceux qu'on vous prête.
Ne vous laissez pas bouffer,
absorber par le néant
qui dissèque le monde
en rangs d'oignons.
Tout "système",
si tant est qu'on puisse
un tant soit peu le comprendre en objectivant
(en-dehors de son mystère intrinsèque),
fonctionne par un maillage complexe
et fin qui dépasse l'individu.
Le rôle de l'individu dedans est de partager
sa foi, son énergie vitale dans des relations.
L'individu administrateur,
la poignée d'individus,
qui décident de tout administrer
par le dessus,
pourront avoir un grand pouvoir matériel
et très temporaire, voire très éphémère
à l'échelle des temps.
Ils pourront vous faire courir
jusqu'à épuisement
tant que vous courez, après quoi.
Vous ne faites qu'échapper à la mort
qui vous rattrapera dans tous les cas.
Ils pourront faire aussi beaucoup de dégâts,
mais ils ne pourront pas gouverner,
- détruire, oppresser (sous compensation
de la sécurité - sous antidépresseur) -
l'ingouvernable,
les liens sacrés, la complexité,
qui font que ce maillage n'est pas
totalement destructible.
Sauf si vous leur laissez votre esprit.
Et ils n'ont pas d'emprise sur l'immatériel,
sauf si vous leur laissez,
si vous leur vouez votre temps
de cerveau disponible par exemple.
Les systèmes humains grossiers
s'écroulent et se recyclent comme tout,
d'autant plus rapidement qu'il y a
floppée d'arrogance et de démesure
sans rapport avec la réalité réelle.
Pourtant la forme humaine,
les formes humaines,
ont une certaine endurance dans le temps.
Parce que d'autres échelles existent
Que ce qu'on vous montre tout le temps
Mettez-vous à votre échelle
Faites ce que vous avez à faire
Entrez en relation avec les choses
Il y a l'Histoire qui broie
et les histoires
qui tissent
qui bruissent
qui frémissent
Dans votre quotidien,
qui vous montre quoi ?
Qui laissez-vous entrer ?
Et qui vous invitez
à votre table
et nourrissez ?